mercredi 29 juillet 2009

Voila que Bernie se met à chanter maintenant, manquait plus que çà !

dimanche 12 juillet 2009

Récit d'un hussard (16)

LA VIE DE FAMILLE



Il était dit que le bonheur prendrait son temps pour s'installer durablement. À la naissance de notre fils, mon beau-père; le général Brice de Montigny se trouva d'un coup très fatigué. Il dut garder le lit plusieurs jours durant et nous eûmes peur pour sa vie. Mais la nouvelle année sembla lui redonner force et envie, et on le vit reprendre ses promenades dans le parc de Château-Thierry qu'il chérissait tant. Mais fin avril 1811, il ressentit une vive douleur dans la poitrine lors d'une de ses promenades. Nous dûmes l'aliter à nouveau, son état empirant chaque jour un peu plus. Il mourut le 6 mai 1811 à l'âge de 80 ans après une vie tout entière au service de la Nation. Un grand homme nous quittait et la douleur fut à la hauteur de sa personnalité.

C'est au moment où nous avions décidé de partager notre temps entre Paris et Château-Thierry que les événements internationaux se précipitèrent. Napoléon, notre empereur, décida de porter la guerre sur les terres de l'empereur de Russie.

La fierté, voire l'orgueil des deux souverains va entraîner les deux nations dans un désastre absolu. Des milliers de morts, un pays, la Russie, ravagé et un empire, le nôtre en déclin.

Durant les premiers mois, nos soldats progressèrent à l'intérieur du pays ne trouvant devant eux que terres abandonnées et villages fantômes. L'armée ennemie s'enfuyait au devant eux, du moins le croyait-il.

Une seule bataille, le 7 septembre au bord de la Moskova, vit notre armée s'en sortir grâce aux renforts bavarois et saxons qui arrivant en fin de journée retournèrent une situation mal engagée.

L'armée française entra dans Moscou totalement vidée de ses habitants.

À peine prenant possession de la ville que nos troupes durent faire face à une multitude d'incendies allumés par les rares habitants qui étaient restés, en fait des criminels et des repris de justice qui obéissaient aux ordres du comte Rostopchine.

Notre empereur qui espérait recevoir des demandes de négociations de la part du tsar de Russie dut, ne voyant rien venir, faire demi-tour, alors que l'hiver commençait.

Alors que les troupes fatiguées rebroussaient chemin à travers ces mêmes villages dévastés où il n'y avait rien à prendre, à Paris, une conspiration faillit réussir. Les intrigants avaient réussi à faire croire à la mort de notre empereur et à faire prisonnier le préfet de Paris et le ministre de la guerre; Savary.

Heureusement, le coup d'État échoua et les conspirateurs furent fusillés, mais le régime parut bien faible.

En novembre, l'armée de Napoléon se présenta devant la Bérézina à demi gelée. Elle dut construire des ponts pour atteindre l'autre rive. Trois jours seront nécessaires pour réussir l'opération. De nombreux soldats périront dans cette traversée et l'empereur se retrouva entouré que de 25 000 soldats.

Poursuivis par l'armée russe à deux jours de marche, les soldats de la nation espéraient revenir vers l'ouest et sortir de ce maudit pays où ils vécurent leur pire campagne militaire.

Ce sera chose faite début décembre par un froid terrible qui tuera encore de milliers grognards trop faibles pour progresser. Le tsar de Russie avait réussi son entreprise; affaiblir son rival et ennemi.

Celui-ci avait confié son armée au prince Murat et était reparti vers Paris où il avait appris la conspiration du général Mallet.

Les deux années qui suivirent virent les possessions territoriales que nous avions conquises durant nos diverses campagnes se perdre. La coalition ennemie devenait de plus en plus forte et notre empereur voyait son empire se réduire mois après mois.

1815, la France est envahie et malgré le courage de nos troupes et le génie de nos maréchaux qui obtinrent de nombreuses victoires, l'issue fut inéluctable. Les prises de Bordeaux et de Lyon amenèrent Paris à capituler.

La nation ne croyait plus en son empereur et préférait négocier avec l'ennemi qui avait annoncé qu'il se battait, non pas contre la France, mais contre son maître.

Talleyrand devint chef d'un gouvernement provisoire. Les royalistes reprirent les rênes de la nation. Le sénat, le 3 avril, déchut Napoléon de ses fonctions. Celui-ci sera obligé de capituler sans condition et se verra exilé sur l'île d'Elbe. Son épouse l'impératrice Marie-Louise et son fils, le roi de Rome seront confiés à l'empereur d'Autriche.

Une page de notre histoire venait de se tourner. Nous ignorions encore que l'empereur n'était pas encore politiquement mort.

Le frère de Louis XVI en exil depuis la révolution, rentra en France et monta sur le trône restauré, sous le titre de Louis XVIII.

Il voulut récompenser tous ceux qui se battirent pour l'honneur de la Nation durant toutes ces années.

Ainsi, je fus fait maréchal de camp honoraire et je reçus la distinction de chevalier de l'ordre de Saint-Louis.

En février 1815, Napoléon quitta l'île d'Elbe et voulut reconquérir le pays. Il trouva l'appui de divers régiments, échaudés par les décisions du roi Louis XVIII qui avait redistribué les hauts grades de l'armée aux nobles de l'ancien régime.

En un mois, l'empereur arriva aux Tuileries, fit établir une nouvelle constitution et s'engagea à reconquérir le pays.

Pour ma part, croyant vivre ma retraite loin de tous ces agissements politico-militaires, je dus déchanter. On me remit en activité en qualité de colonel de l'état-major du premier inspecteur général de la gendarmerie. Nous devions faire respecter l'ordre sur le territoire, mais nous ne savions pas d'un jour sur l'autre d'où venaient les ordres légitimes.

Au mois de mai, je fus nommé colonel de la 21 éme région de gendarmerie à Metz. Le temps à l'empereur de subir la défaite de Waterloo et d'être fait prisonnier par les Anglais. Suivra son exil à Sainte-Héléne, alors qu'il croyait qu'il serait exilé en Amérique.

Je retrouvai donc ma condition de retraité au moment où des bandes ultra-royalistes firent la chasse aux bonapartistes et aux fonctionnaires de l'empire. Il y eut trop de morts et trop de haine. De plus, la nation dut payer une indemnité de guerre équivalente au budget annuel de l'état. La pauvreté n'était pas prête à disparaître. Le roi Louis XVIII retrouva son trône et j'installai ma petite famille à Versailles, au 107 boulevard de la reine, bien décidé à profiter de chacun de mes enfants autant que possible.


                                         FIN

Récit d'un hussard (14 - 15)

LA PRISE DE CONSCIENCE


Que dire? Comment pourrais-je décrire la joie qui fut la mienne lorsque je retrouvais Angélique et faisais la connaissance de notre fille Louise. Je tenais dans mes bras cette petite fille qui était mienne et qui tremblait un peu devant cet homme qu'elle ne connaissait pas et qu'elle n'arrivait pas à appeler papa.

Ces derniers mois de l'année 1807 ne furent que félicités. Un repos heureux, loin des combats et des souffrances que j'avais côtoyées pendant plus d'un an.

Je me sentais si bien auprès de ma famille. Je me rendais compte aussi que mes blessures parfois se réveillaient, me faisant souffrir. J'avançais en âge et j'étais conscient que la vie de soldat aussi excitante qu'elle fut demandait un état physique irréprochable. Était-ce encore mon cas ? J'allais sur mes 45 ans et je ne me voyais pas guerroyer encore pendant dix ans. Je me confiais à Honoré Greff, venu en voisin nous rendre visite. Il s'amusa de mes réflexions et me demanda si ce n'était pas plutôt ma vie de famille heureuse qui me poussait à de telles pensées. Il avait peut-être raison, mais mes douleurs étaient bien réelles et avec l'âge, elles ne s'estomperaient pas.

L'année 1807 se passa ainsi entre joie et souffrances. Nous savions, Honoré et moi, que les routes de la conquête allaient de nouveau s'ouvrir à nous. L'empereur avait quelques difficultés avec le peuple espagnol qui n'avait pas admis l'abdication de leur roi Charles IV puis de l'infant Ferdinand au profit de Joseph, frère de notre empereur. Il allait falloir, certainement, porter aide aux troupes déjà en place en Espagne et qui subissaient un début d'insurrection.

Mais, avant cela, une loi impériale allait transformer la vie de mon beau-père et la mienne.

Le 1er mars 1808 fut promulguée la loi qui instituait la création de titres impériaux ainsi que l'application des majorats. Et, dans le cadre de cette loi, mon beau-père; le général Brice de Montigny et moi-même fûmes honorés du titre de baron. Venait donc s'accrocher à mon nom, celui d'une de nos terres; Jinac. Je devenais "Monsieur le baron Jacques Bégougne de Juniac, colonel du 1er hussard ". Je n'en revenais pas. Même si ce titre était honorifique et ne me conférait aucun privilège, j'en étais très fier. Confirmé par lettres patentes le 19 mars de cette même année, il serait transmis à mes descendants mâles, seulement par l'aînesse.

Moi, le fils de bourgeois du Limousin, je devenais membre de cette nouvelle aristocratie sans revenus ni terres, mais fier de cet honneur obtenu pour service rendu à la Nation. Pourtant, il me fut attribué une dotation de 10 000 francs sur des biens réservés en Westphalie. Ces revenus me permettant de transmettre mon titre à l'éventuel descendant mâle que j'aurais. Angélique m'assura tendrement que ce serait son plus grand bonheur que de m'offrir cet héritier.


MES DERNIERS COMBATS

La campagne espagnole démarra début mai,et, de suite, nous dûmes réprimander sous les ordres du prince Murat, la rébellion madrilène. Nous le fîmes, ce qui permit au prince Joseph Bonaparte de ceindre la couronne espagnole.

Cette campagne, malgré tout, s'annonçait difficile, car, nous n'étions pas reçus comme des libérateurs comme cela avait pu l'être lors de nos campagnes italiennes ou polonaises, mais comme des envahisseurs ce qui dressa la population du pays contre nous.

Dès le début, nous avions compris que nous avions plus à perdre qu'à gagner dans cette guerre. Pourtant, notre empereur l'avait voulu ainsi, d'une part pour installer un membre de sa famille sur un trône européen de plus, après la Hollande et la Westphalie, d'autre part pour conquérir le Portugal qui restait fidèle à l'Angleterre et qui empêchait la mise en place du blocus continental voulu par Napoléon.

La suite des événements nous apporta beaucoup de désillusions. Les villes espagnoles s'insurgèrent les unes après les autres. Nous dûmes combattre à Logrono, Alcaléa, Tuleda, Cordoue, Torquemada, Valence, Cadix et tout cela en un mois. Nous parcourions la péninsule sans vraiment obtenir de victoires retentissantes. Car se battre contre une armée régulière sur un champ de bataille bien déterminé n'avait rien avoir avec une guérilla dont l'adversaire n'était pas reconnaissable. Nous laissions beaucoup d'hommes et de certitudes dans ces combats où notre honneur de soldat se sentait souvent bafoué.

Mes blessures ne me laissaient pas une journée sans souffrances et j'étais las d'affronter de pauvres hères qui ne cherchaient qu'à défendre leur liberté.

Dans l'été andalou torride, ce qui devait arriver arriva. Notre armée subit sa première défaite face à une armée régulière à Baylen. La capitulation du général Dupont eut un retentissement sur le moral des troupes et, Joseph, à peine installé à Madrid dût en repartir aussitôt.

De Bayonne, notre empereur n'appréciait pas la tournure des événements. Il décida de prendre les choses en main quand il apprit que le général Junot dut quitter le Portugal.

Il engagea la grande armée sur les routes d'Espagne après s'être assuré du soutien de son nouvel allié; l'empereur de Russie. Une rencontre eut lieu à Erfurt et je fus chargé avec une partie de mes hommes d'accompagner notre empereur.

Il obtînt du tsar Alexandre son aide contre l'Autriche si, celle-ci venait à bouger.

Le soir de la signature du traité, l'empereur me fit appeler auprès de lui et me dit:" Colonel, je viens d'obtenir ce que je voulais. Je vais pouvoir engager mon armée en Espagne où, je n'en doute pas, elle fera encore des prouesses. Mais, je vous ai fait venir, car le tsar Alexandre se souvient très bien de vous et de votre bravoure en particulier à Golymin. Aussi, il se proposa de vous faire Feld-maréchal de l'armée russe. Qu'en pensez-vous?"

Je restai sans voix. Devenir officier supérieur dans une armée que j'avais combattue et qui me prit tant de mes hommes. Ma réponse ne se fit pas attendre: " Sire, remerciez Son Altesse Alexandre pour cet honneur, mais je ne vois pas de quelle façon je pourrai l'accepter. Je suis français, je combats pour ma nation et ne me sens, d'aucune manière, une âme de mercenaire."

L'empereur se mit à rire et posant sa main sur mon épaule:" je vois que votre titre impérial ne vous a pas gâché, colonel. Vous êtes toujours aussi droit et je vous en félicite. J'apporterai moi-même votre réponse au tsar. En attendant, ajouta-t-il, en décrochant une décoration de son uniforme, je vous fais chevalier de la couronne de fer. Vous le méritez pour votre bravoure et votre fidélité." Je reçus l'accolade d'un des souverains les plus puissants du monde, si ce n'était pas le plus puissant, me demandant quand j'allais me réveiller, mais mes souffrances me rappelaient à chaque instant que je ne rêvais pas et que tous ces honneurs étaient bien réels.

Je repris la route de la France avec le sentiment d'un soldat comblé, mais aussi usé. J'avais fait valoir, auprès de l'empereur, mon désir de m'éloigner des champs de bataille. Il me répondit de l'accompagner encore dans cette campagne espagnole et qu'après il accepterait mes droits à la retraite. Je savais maintenant ce qui m'attendait et

j'espérais, malgré moi, que cette campagne serait courte.

Je dus vite déchanter. Je côtoyai l'odeur du sang et de la mort pendant encore deux années.

D'abord, ce fut l'Espagne et les prises de Burgos, la victoire de Somosierra qui nous ouvrit les portes de Madrid qui capitula le 4 décembre. Nous poursuivîmes les Anglais jusqu'en Galice. Ils rembarquèrent le 15 février 1809 au moment où l'Autriche réarmée se montrait menaçante.

Au mois de mars, il nous fut demandé de faire route vers l'Allemagne, l'archiduc Charles menaçait la Bavière.

Sur le trajet, nous fûmes autorisés à séjourner deux semaines chez nous. J'en profitai pour retrouver mes deux princesses avant de repartir le coeur gros vers la frontière de l'Est.

Les troupes autrichiennes entrèrent en Bavière début avril. Le 20 à Abensberg, le 21 à Landshut, le 22 à Eckmühl et le 23 à Ratisbonne où nous les mettions en pièce. Le 13 mai, nous entrâmes à Vienne. La "Grande Armée" n'était pas morte, elle savait encore se battre et vaincre.

L'armée autrichienne avait réussi à se cacher de l'autre côté du Danube, nous dûmes y aller la chercher. Une première confrontation eut lieu à Essling où l'armée de Masséna attaqua celle de l'archiduc. Ce fut une fois encore sanglant et incertain tant les pertes furent énormes des deux côtés. Le 22 mai, nous apprenions la mort du maréchal Lannes qui avait été blessé aux jambes. La peine fut générale tant le courage du duc de Montebello nous porta tout le long de ces années de campagne. Notre empereur, lui-même, ne cachait pas sa tristesse. C'est, avec un esprit de revanche, que nous affrontâmes les Autrichiens à Wagram. Nous étions le 5 juillet.

Les combats dureront deux jours. Il faudra beaucoup de courage aux jeunes soldats de l'armée impériale pour venir à bout des troupes autrichiennes. Encadrés par de vieux "grognards", ils se battirent avec toute la foi en leur cause et cela finit par payer. Le général Davout avait installé une batterie d'artillerie comme jamais on n'en vu sur un champ de bataille. Plus de 100 pièces qui repoussèrent toutes les charges autrichiennes et qui firent beaucoup de dégâts dans leurs rangs. Quand nos fantassins prirent le dessus sur l'ennemi au second jour des combats, notre empereur nous demanda de finir le travail. Sous les ordres de l'impétueux général Lasalle, nous chargeâmesl'armée de l'archiduc. Les troupes ennemies furent décimées et les survivants s'enfuirent en direction de Vienne. Nous dûmes déplorer, malgré tout, parmi les milliers de morts, celle du général Lasalle emporté par sa fougue, il ne sut, cette fois-ci, se protéger et mourut d'une balle en pleine tête à 34 ans.

"Quatre ans de trop", aurait-il dit. Nous avions encore vaincu les soldats ennemis, mais jusqu'à quand? Les traités de paix ne semblaient être signés que pour être violés.

L'empereur d'Autriche François II capitula avant de devenir moins d'un an plus tard le beau-père de Napoléon. Les alliances ont parfois des effets surprenants.

J'étais malgré tout mal placé pour m'étonner de telles alliances. Angélique, mon aimée, était bien la fille d'un général français et d'une fille de général autrichien.

Ce soir-là, je reçus un courrier de ma tendre épouse qui m'annonçait qu'elle était enceinte et attendait un futur héritier, du moins l'espérait-elle, pour la fin de l'année. Que Wagram soit béni! La journée fut heureuse au plus haut point.

L'année 1809 se poursuivit dans l'armée d'Espagne où ne fûmes, à nouveau incorporés. La paix y était revenue, grâce à l'intervention énergique de notre empereur qui mit à mal les velléités de révolte. Mais la plaie n'était pas entièrement refermée quand Napoléon, supportant mal le non- respect du traité d'Erfurt par le tsar de Russie, envisageait d'envahir le pays sous prétexte qu'il refusait de poursuivre le blocus continental.

J'appris, dans les plaines espagnoles, que j'étais père d'une autre petite fille; Jacqueline, née le 15 décembre. La déception de ne pas avoir encore d'héritier mâle ne dura que le temps de l'apprendre. Cette nouvelle, ajouté à mes douleurs incessantes sur le cheval me fit accélérer ma demande de mise à l'écart du service actif.

Pour l'heure, nous venions d'entrer dans l'année 1810, notre empereur obtint l'annulation de son mariage avec Joséphine et dans la foulée, il signa son contrat de mariage. Avec Marie-Louise, princesse d'Autriche, fille de l'empereur François II qu'il épousera le 1er et 2 avril.

Le maréchal Masséna était nommé commandant en chef de l'armée du Portugal où il y connaîtra de grandes désillusions.

Au printemps, mis au repos à cause de mes blessures qui m'empêchaient, chaque jour un peu plus, de me tenir à cheval, je restai quelques semaines auprès de mon épouse et de mes filles. Mon beau-père, âgé et fatigué, passait son temps auprès de nous. Angélique m'assura d'une nouvelle grossesse et priait chaque jour pour que ce fût un fils.

Au mois de juillet, je dus me rendre en Westphalie où le roi Jérome me remit la dotation sur mes "biens". Puis, en Bavière, je fus fait Chevalier de l'ordre militaire de Maximilien Joseph .

Fin août, je pouvais, enfin, rentrer en France. L'empereur, accédant à ma demande, me fit commandant d'armes. Je revins auprès de mes hommes pour partager avec eux, une dernière fois, la chope de l'amitié. Mon accolade avec Honoré dura plus que de coutume. Je ne savais pas encore que je ne le reverrais plus. Il disparaîtra comme beaucoup d'autres dans la débâcle de Russie.

Je pris mes fonctions à Ostende, début octobre et fut admis à la retraite en décembre de la même année.

Ainsi se tournait une page de ma vie; celle de ma carrière militaire...du moins le croyais-je.

Il faut dire que le 20 octobre, Angélique donna naissance à un fils que l'on appela Jacques, Louis, Ange, Eugène. Ma descendance était assurée; j'étais comblé.



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