mercredi 15 décembre 2010

Théâtre

Une simple info pendant que mon cher ami a le dos tourné. L'intégralité de la pièce est sur You tube, voici les deux liens qui vous y téléportent ( la pièce est en deux parties).

http://www.youtube.com/watch?v=cxk2AZixPqw

http://www.youtube.com/watch?v=CKPGVpwwo6g

mercredi 8 décembre 2010

et maintenant du théâtre !

On ne l'arrête plus. Je me demande comment un tel ego peut rentrer dans sa petite tête. Bon, passons, J'ai réuni quelques extraits d'une pièce que Bernie croit interpréter avec talent. Loin de moi de diminuer la prestation de ses partenaires, bien au contraire car EUX sont parfaits. Vous pourrez bientôt en juger, il parait que la pièce se retrouverait dans son intégralité sur you tube. C'est vrai, c'était pour une bonne cause (le Téléthon), mais s'afficher comme ça, franchement Bernie ne recule devant rien pour se faire mousser. Ce type m'exaspère !

mercredi 20 octobre 2010

Le salon du livre

Très chers lecteurs, voici une chronique que m'a inspiré ma présence au salon du livre de Geaune, un grand moment.


LE SALON DU LIVRE

    Quand j’ai reçu ce coup de fil de Dominique David, ça devait être au mois de mai, j’ai cru à une erreur. Elle m’invitait à participer au Salon du livre de Geaune (c’est où ça ?) dont le thème était l’aventure. Génial !
     - Et je parlerai de quoi ?
     - D’aventure
     - Bien sûr, d’aventure.

   Moi qui vis le moindre de mes déplacements, la moindre rencontre comme une aventure égale au moins à la traversée de l’Atlantique ou à l’ascension de l’Everest ( je ne savais pas encore à ce moment-là que j’allais réellement côtoyer ces aventuriers-là), j’avais le profil idéal.
     - Et de quelle aventure, voulez-vous que je parle ? Demandais-je incrédule, cherchant qui pouvait me faire une blague .
     - La biographie. L’aventure au quotidien (oh, c’est bon ça ! l’aventure au quotidien, pensa très fort mon interlocutrice, faut que j’en parle à Thomas).

    Je ne voyais pas en quoi écrire des biographies pouvait être considéré comme une aventure, mais ne voulant pas décevoir cette personne et trop heureux d’être invité à une manifestation littéraire, j’acceptais avec empressement.
     - Et cela se passe quand ?
     - Au mois d’octobre, le 16 et le 17.
 
    Pardi, la date est bien lointaine, mais ça me va, je serai là, répondis-je en me disant qu’il faudrait que je pose mon week-end à cette date.
    Une fois raccroché, j’étais dans un état d’excitation tel qu’il fallut que je respire lentement pour mettre un peu d’ordre dans mes pensées. J’étais invité, incroyable. Et comment a-t-elle appelé sa boite de com déjà ? Carrément à l’ouest. Excellent, moi, qui y suis au quotidien, à l’ouest, c’était bon signe.
    Vint le grand jour. Je pris ma voiture pour rejoindre Geaune qui n’avait plus de secrets pour moi. J’avais étudié son histoire ( j’avais reçu la doc). J’avais survolé le village ( grâce à Google Earth) pour me rendre compte à quoi il ressemblait et surtout comment on y accédait et enfin j’avais étudié mon itinéraire avec Michelin pour être sûr de ne pas rater un embranchement quelque part. Comme vous voyez un vrai aventurier.
    Une fois sur place, je me retrouvai en plein cœur de la bastide, sur la place où se passait la manifestation. J’errai malgré tout un petit peu, cherchant dans les regards que je croisais quelqu’un qui aurait pu me renseigner. J’avais cru en un instant d’orgueil exagéré qu’on attendait que moi. Pensez donc à côté de Titouan Lamazou ou Alix de Saint André, il n’y avait pas photo. J’étais l’invité inconnu, celui qu’on n’avait jamais vu. Sauf un qui me faisait de grands signes de la main ; Thomas, l’animateur du week-end et journaliste à la radio dont la rencontre quelques mois plus tôt m’avait amené jusque-là.
    Après avoir récupéré mon badge, mon ticket-repas et mon cadeau de bienvenue, dont un savon au lait d’ânesse frais et à la pulpe de raisin blanc ( je ne savais même pas que cela pouvait exister et j’avoue que j’attends un moment d’éblouissement, un matin d’inconscience assumée pour m’en servir), je me dirigeai vers les stands à la rencontre d’un monde dont j’ignorais tout et que je souhaitais pénétrer (si je peux me permettre) ; le monde de l’édition. À ma grande surprise, je rencontrai des personnes toutes simples, charmantes qui vivaient leur propre expérience ( aventure !) avec les mêmes difficultés que moi. Je découvris ainsi des livres parlant de femmes dont personne ne se souvient plus, des contes pour petits et grands écrits par une ravissante conteuse, l’histoire des courses landaises, un poète à la sensibilité exacerbée (peut-il en être autrement), un stand de dédicace vide (il était encore très tôt), quelques vignerons du cru, des jeux pour enfants avec Johnny Depp en pirate des Caraïbes (ce n’était pas lui, vous êtes sûrs ?), les premières senteurs d’un pot-au-feu qui annonçait un déjeuner des plus pittoresques, et la présence de quelques inconditionnels de l’apéro accoudés au comptoir (il faut dire qu’il était déjà onze heures du matin).
    Malgré tout en papotant de stand en stand, j’en oubliai la conférence sur l’aventure littéraire, et la rencontre avec Jean Laurent Poitevin qui se fera plus tard. Il faut dire aussi que le soleil commençait à réchauffer la place et qu’Alix de Saint André était arrivée pour dédicacer son livre. Je me laissais subjuguer par son sourire égal à sa gentillesse et ses invraisemblables lunettes de soleil.
    Puis, se présentèrent sur la place les échassiers et les représentants des diverses confréries du vin et celle des cerises d’Itxassou, m’a-t-il semblé (?). Enfin, Thomas vint à ma rencontre pour me proposer de le suivre jusqu’au chapiteau abritant les tables où était servi le déjeuner.
   Je me retrouvai assis à ses côtés, face à Dominique David (la reine de la com et carrément à l’ouest). Un peu plus tard vint s’installer sur mon flanc gauche (il ne cherchait pas à être près de moi, mais à se rapprocher d’Héléne Lafargue, ravissante membre de l’organisation), un personnage haut en couleur et à l’humour cinglant, Nadir Dendoune qui, je le reconnais, vaut le déplacement.
    Le repas commença et je le dis de suite ce fut un régal, ce pot-au-feu une pure merveille. Mais essayez d’imaginer un chapiteau rempli par trois cents personnes parlant toutes en même temps et vous vous faites une idée d’une ruche en plein travail ou éventuellement d’un débat à l’Assemblée nationale sur un sujet qui fâche ( les retraites ?). Je comprenais un mot sur deux de ce que me disait Dominique quand elle s’adressait à moi. De même, les mots que prononçait le poète exacerbé qui était assis à sa gauche n’arrivaient pas tous ou pas dans l’ordre. Il me fallait faire beaucoup d’efforts pour reconstituer les phrases en comblant les blancs. Et quand Dominique me présenta son voisin de table qui n’était autre que Jean François Bouygues, auteur édité par les Nouveaux Auteurs, la conversation tourna à l’aventure. Se parler à deux dans un tel brouhaha était déjà une performance, mais à trois…Je regrettais de ne pas savoir lire sur les lèvres. Malgré tout, je pêchai quelques informations importantes qui me sont utiles à présent.
    Thomas se leva, car il avait une première rencontre à animer, de ce fait sa voisine se rapprocha de moi, il s’agissait de Simone Gelin, auteur elle aussi, éditée par les Nouveaux Auteurs. J’avais à mes côtés, les deux personnes les plus importantes de la manifestation pour ma part et à qui j’avais mille questions à poser. Et bien, à quatre, la conversation prit des allures d’exploit sportif et, à bout de force, je me levais à mon tour pour relaxer mes oreilles qui bourdonnaient sérieusement.
    Il était quatorze heures, et j’avais encore plus de trois heures à attendre avant mon propre interview, la pression commençait à monter.
    Quand vint la conférence sur «l‘exploit » avec Titouan Lamazou (Titouaaaaaaan !), Stéphanie Barneix, Alexandre Lux (les rameuses de l’Atlantique) et Nadir Dendoune ( l’improbable alpiniste, Everiste, ça existe ?), la place était pleine et je passais après eux. Mon corps chauffait, ma salive se raréfiait, l’adrénaline commençait à faire son effet ravageur sur les battements de mon cœur.
    À la fin de la conférence, les invités se levèrent pour rejoindre le stand des dédicaces et à leur suite, la place tout entière. « Mais, où allez-vous ? Restez là! J’ai, moi aussi, des histoires à vous raconter, non ? Vraiment pas ? ».
    Adieu rêve démesuré ! gloire éphémère ! reconnaissance éternelle ! ils partirent trois cents et ne revinrent que vingt !
    Malgré tout, je fis mon intervention devant mon petit auditoire bienveillant et attentif. Le soleil s’était caché, il faisait froid. J’avais laissé mon manteau sur le dossier de la chaise et n’osait pas le mettre. Je lisais un extrait de mon livre, la gorge sèche et les mains tremblantes ( non, ce n’était pas le trac, il faisait froid, c’est tout). Je le fis avec la conviction de lire une œuvre impérissable. Plus tard (demain ?), quand mon talent sera reconnu et qu’on me courra après (Bernaaard !), ceux qui étaient présents à m’écouter dans le froid du pays tursate pourront dire : « J’y étais ! »
    Mon intervention terminée et après avoir distribué quelques cartes de visite, je rentrai chez moi, le cœur léger, le corps réchauffé (j’avais mis le chauffage à fond) avec la certitude d’avoir vécu une merveilleuse journée qui en appellerait d’autres sans aucun doute.

mardi 28 septembre 2010

Bernie: le retour !

   Eh oui, l'été est passé par là et le temps n'étant pas élastique, je n'ai pas pu alimenter ce blog durant ces quelques mois. Avant de vous proposer de nouvelles "nouvelles", je vous donne deux informations sur ma petite personne ( si mon cher ami était là, il en ferait une jaunisse). Premièrement, le dimanche 17 octobre, je participe au Salon du livre de Geaune en tant qu'intervenant où je parlerai de biographies. Deuxièmement,  j'ai publié (auto édité pour être honnête) un recueil de nouvelles intitulé: "La vie et autres incertitudes" où vous trouverez certaines nouvelles publiées dans ce blog et d'autres inédites. Vous pouvez vous le procurer, uniquement sur internet, en allant sur le site TheBookEdition.com, puis en tapant mon nom ou celui de l'ouvrage (un peu de promo, ça ne fait pas de mal).
Voila le peu de choses que j'avais à dire. Je me mets au travail et j'espère vous offrir de nouveaux récits très bientôt. 

mercredi 12 mai 2010

FANETTE

Une histoire qui doit tout à Jacques Brel et un peu à Bernie, mais ce n'est pas la première fois qu'il se sert du talent des autres pour essayer de faire émerger un soupçon de créativité. Il s'en est même fait une spécialité. Peut-on exprimer un talent de cette façon ? A vous de juger. Moi, ce que j'en dis....Comme toujours. Je suis son ami, après tout.

Nous étions deux amis, monsieur le commissaire.


- Quel était donc cet ami ?

- Jeff, le Jeff,mon ami de toujours, celui à qui j'ai aidé à remonter la pente, poivrot qu'il était. Combien de fois l'ai-je ramassé sur le trottoir, imbibé au delà du coeur et de la raison. Si j'avais su...

- Justement, racontez-moi ce qui s'est passé.

- Nous étions deux amis et Fanette m'aimait. Du moins je le croyais.

- Vous n'en êtes plus très sûr ?

- Comment pourrais-je l'être après ce qui s'est passé. Pourtant, elle me disait qu'elle m'aimait.

- Que s'est-il passé ?

- La plage était déserte. Il était encore tôt. Le sable brillait sous le soleil. La chaleur faisait comme des vibrations. La plage tremblait sous juillet.

-Vous n'étiez vraiment que vous trois sur cette plage ? Vous n'avez aperçu personne d'autre ?

- Personne, monsieur le commissaire. Les vagues seules, pourraient témoigner.

- Difficile de les interroger.

- Elles savent bien pourtant combien de chansons j'ai chanté pour la Fanette, si elles s'en souviennent. Les vagues ont-elles une mémoire ?

- Vous veniez souvent sur cette plage ?

- Souvent. C'était sa préférée.

- Pourquoi celle-ci ?

- Parce qu'elle était isolée, disait-elle. Protégée par les rochers, elle n'était pas facile d'accès. Elle était comme un écrin où y blottir notre amour.

- Fanette était belle.

- Je vous vois venir monsieur le commissaire. Oui,il faut le dire, Fanette était belle comme une perle d'eau. Elle si brune et la dune si blonde. Fanette était belle et je ne suis pas beau.

- Vous avez-cru à cet amour ?

- Etais-je fou de croire à cela? Auprès d'elle, je tenais le monde. Je la croyais à nous. Je la croyais à moi. Faut dire ou croire que je suis naïf. On ne m'a pas appris à me méfier de tout.

- Comme quoi ?

- D'une plage déserte qui mentait sous juillet. Et de l'amitié qui n'en avait que l'habit. Je n'avais plus envie de chanter de chansons. Les vagues vous le diront, la chanson s'arrêta pour Fanette.

- Vous étiez en colère ?

- J'étais triste, monsieur le commissaire. Mon amour et mon ami s'en allaient comme amant et amante, laissant une vague mourir à leurs pieds.

- Qu'avez-vous fait, à ce moment-là ?

- J'ai pleuré, monsieur le commissaire. J'ai pleuré.

- Vous étiez si désemparé que vous vous êtes précipité sur eux.

- Je les ai maudit. Faut dire qu'ils riaient de me voir pleurer. Vous pouvez imaginer çà ? Je les ai maudit et ils se sont mis à chanter je ne sais quelle ritournelle enfantine.

- Ils vous ont humilié, vous ne l'avez pas supporté.

- Ils étaient déjà loin, mon humiliation ne les intéressait même pas.

- Qu'ont-ils faits ?

- Ils ont nagé loin, si loin et si bien. Moi qui ne sait pas nager, je ne pouvais pas les suivre.

- Vous les avez attendus .

- Longtemps, très longtemps. Ils n'ont jamais réapparus.

- Que croyez-vous qui leur soit arrivé ?

- Ils se sont noyés.

- Qu'est ce qui peut vous rendre si sûr ? Après tout, cela fait huit jours, maintenant et aucun corps n'est venu s'échouer ?

- Jeff était mon ami et Fanette l'aimait. La plage est déserte, à jamais. Elle pleure sous juillet. Et le soir, quand les vagues s'arrêtent, j'entends une voix, c'est la Fanette. Voilà pourquoi, monsieur le commissaire, je crois qu'ils se sont noyés.

- Vous pourriez me parler de Jeff ?

- Jeff, c'était mon ami. On se connaissait depuis l'enfance depuis toujours. On ne s'est jamais quitté. Il était mon double. On ne faisait jamais rien l'un sans l'autre.

- Vous disiez qu'il buvait, que vous l'aviez aidé.

- C'est vrai. C'était toujours la même chose. Une fille le quittait, il noyait son désespoir au fond d'un café ou carrément sur le trottoir. C'est-là que je le ramassais. Il disait toujours les mêmes litanies. Qu'il voulait mourir, qu'il était seul.

- Que faisiez-vous ?

- Je le réconfortais. Je lui disais que c'était faux, qu'il n'était pas seul. Il pleurait, les pieds dans le caniveau. Je lui disais d'arrêter. Que çà ne servait à rien de s'épandre devant tout le monde. La semaine dernière, encore.

- Que s'est-il passé la semaine dernière ?

- Il s'est saoulé, une fois encore. A cause d'une demi-vieille. D'une fausse blonde qui venait de le laisser tomber. Il était là, à moitié écroulé sur le trottoir à gueuler qu'il voulait en finir entre deux lampés d'un mauvais vin, entre deux sanglots.

- Cela vous faisait quoi de le voir ainsi ?

- Il me faisait honte. Je lui ai dit: «  Jeff, tu me fais honte! ». Mais, il sanglotait, buvait, resanglotait. Bêtement, devant tout le monde. Pour une trois quart putain qui lui avait claqué entre les mains.

- Comment çà, claquait entre les mains ?

- Ben, elle était partie.

- Où était-elle partie ?

- Est-ce que je sais, moi ? Mettre son cul dans un autre lit, certainement.

- Vous la connaissiez ?

- Un peu, je l'avais vue quelques fois. Elle ne me plaisait pas. Elle avait un air hautain. Elle se donnait un genre, alors que franchement, il n'y avait pas de quoi.

- Si vous la détestiez à ce point, vous auriez pu en débarrasser Jeff pour son bien.

- Vous avez de drôles d'idées, commissaire. Si Jeff croit que son bonheur se trouve dans ses malheurs, c'est son problème, pas le mien.

- Continuez. Vous disiez qu'il vous faisait honte.

- C'est vrai, il se croyait seul, mais il ne l'était pas. Les gens se payaient notre tête en passant près de nous ou nous regardaient avec cette expression de mépris qui fait mal.

- Vous êtes restés là longtemps ?

- Je lui disais de venir, qu'on allait ailleurs, plus loin. Je lui ai proposé d'aller chez la mère François ?

- Qui est la mère François ?

- C'est le troquet du coin. J'avais quelques sous. Je lui proposais d'aller boire ensemble.

- Vous lui avait proposer d'aller boire ? Dans son état ?

- Comprenez bien, commissaire. Je voulais surtout que nous quittions ce bout de trottoir. Et chez la mère François, on nous connait. Je l'aurais installé sur une banquette au fond. Je lui aurais servi du vin de Moselle, j'ai l'habitude. Et puis, on aurait pu manger. Des moules et des frites. Cela l'aurait aidé à éponger son vin et ses larmes. Même, si mes sous n'auraient pas suffit, la mère aurait accepté que je la paie plus tard. J'ai régulièrement une ardoise chez elle, mais je l'honore toujours.

- Comment auriez-vous fait ?

- Je travaille, monsieur le commissaire, je travaille. Pas régulièrement, mais je travaille. Je paie mes dettes, dès que je le peux. Je connais le prix de l'argent. J'en ai eu, beaucoup et je compte bien m'en sortir.

- Et vous vouliez que Jeff ait la même ambition ?

- C'est un peu çà.

- Et après la mère François, qu'auriez vous fait ?

- Je l'aurai entrainé chez madame Andrée.

- Un autre troquet ?

- Pas tout à fait.

- Expliquez-vous.

- C'est délicat.

- Je vous en prie. Je suis commissaire. Je connais les clandés de la ville.

- Il paraît qu'il y a des nouvelles filles, je l'aurais entrainé là-bas.

- Vous y allez souvent ?

- Non, seulement quand le corps n'en peut plus de supporter les états misérables du coeur. Je voulais qu'il se remue. Qu'il retrouve sa joie de vivre comme quand on était jeune, qu'on chantait à tue-tête. Comme quand c'était le temps d'avant, quand on avait de l'argent.

- Est-ce qu'il vous a suivi ?

- Il était lourd ce soir-là. Et pas seulement à cause de ses cent kilos. Il ne pouvait pas bouger sa carcasse. Il faisait des grimaces ridicules. J'essayais de le soulever, mais il n'y avait rien à faire. Le coeur gros, il ne m'aidait pas. Il se répandait, il répétait qu'il était bon à se foutre à l'eau, à se pendre. Il faisait des gestes, criait sa colère, sa tristesse. Le trottoir était devenu une salle de spectacle. Un vrai cinéma. Les gens s'arrêtaient pour regarder comme s'ils assistaient à un spectacle de rue. C'est tout juste, s'il ne nous lançaient pas la pièce.

J'ai encore essayé de le tirer, de le hisser sur des grandes jambes et l'entrainer loin des badauds. Je lui disais qu'il me restait ma guitare, qu'il aimait quand je jouais de la guitare surtout le flamenco. Il dansait quand je jouais, nous étions espagnols; lui le breton et moi le gars du nord. Des conneries, mais çà faisait du bien. Entre deux lampées, on passait de grands moments à se croire ce qu'on n'était pas. Çà ne datait pas d'hier ces délires hispanisants, déjà quand nous étions mômes, on s'y amusait. Il faisait le rossignol et moi j'avais horreur de çà. Mais, ce soir-là, je lui ai promis que je le laisserais le faire, encore une fois. Une dernière fois peut-être. Après, on serait aller s'asseoir sur un banc, face à la mer. Et regarder droit devant face à nous. Deviner là-bas au delà de l'horizon; l'Amérique et en parler. Se promettre d'y aller quand on aurait le fric. Se voir comme deux immigrants arrivant dans le port de New York, avec une valise comme seul vestiaire. Et même s'il était encore triste ou s'il en avait l'air, je lui raconterais comment il deviendrait Rockfeller. Comment on sera bien comme quand c'était le temps d'avant, d'avant de devenir poivrots.

mardi 12 janvier 2010

Avis à la population

Ceci est un message pour les éventuels lecteurs landais de ce blog (il parait qu'il y en a). Bernie, que rien n'arrête, va passer sur les ondes ce vendredi 15 janvier sur Radio France Bleu Gascogne à 7h50 et 12h10 (deux fois, il ne s'ennuie pas). De plus, il repassera le lendemain dans la matinée, çà frise le matraquage. Je me demande ce qu'il va bien pouvoir raconter. S'il est aussi gai que ses textes, çà va donner!