mercredi 20 octobre 2010

Le salon du livre

Très chers lecteurs, voici une chronique que m'a inspiré ma présence au salon du livre de Geaune, un grand moment.


LE SALON DU LIVRE

    Quand j’ai reçu ce coup de fil de Dominique David, ça devait être au mois de mai, j’ai cru à une erreur. Elle m’invitait à participer au Salon du livre de Geaune (c’est où ça ?) dont le thème était l’aventure. Génial !
     - Et je parlerai de quoi ?
     - D’aventure
     - Bien sûr, d’aventure.

   Moi qui vis le moindre de mes déplacements, la moindre rencontre comme une aventure égale au moins à la traversée de l’Atlantique ou à l’ascension de l’Everest ( je ne savais pas encore à ce moment-là que j’allais réellement côtoyer ces aventuriers-là), j’avais le profil idéal.
     - Et de quelle aventure, voulez-vous que je parle ? Demandais-je incrédule, cherchant qui pouvait me faire une blague .
     - La biographie. L’aventure au quotidien (oh, c’est bon ça ! l’aventure au quotidien, pensa très fort mon interlocutrice, faut que j’en parle à Thomas).

    Je ne voyais pas en quoi écrire des biographies pouvait être considéré comme une aventure, mais ne voulant pas décevoir cette personne et trop heureux d’être invité à une manifestation littéraire, j’acceptais avec empressement.
     - Et cela se passe quand ?
     - Au mois d’octobre, le 16 et le 17.
 
    Pardi, la date est bien lointaine, mais ça me va, je serai là, répondis-je en me disant qu’il faudrait que je pose mon week-end à cette date.
    Une fois raccroché, j’étais dans un état d’excitation tel qu’il fallut que je respire lentement pour mettre un peu d’ordre dans mes pensées. J’étais invité, incroyable. Et comment a-t-elle appelé sa boite de com déjà ? Carrément à l’ouest. Excellent, moi, qui y suis au quotidien, à l’ouest, c’était bon signe.
    Vint le grand jour. Je pris ma voiture pour rejoindre Geaune qui n’avait plus de secrets pour moi. J’avais étudié son histoire ( j’avais reçu la doc). J’avais survolé le village ( grâce à Google Earth) pour me rendre compte à quoi il ressemblait et surtout comment on y accédait et enfin j’avais étudié mon itinéraire avec Michelin pour être sûr de ne pas rater un embranchement quelque part. Comme vous voyez un vrai aventurier.
    Une fois sur place, je me retrouvai en plein cœur de la bastide, sur la place où se passait la manifestation. J’errai malgré tout un petit peu, cherchant dans les regards que je croisais quelqu’un qui aurait pu me renseigner. J’avais cru en un instant d’orgueil exagéré qu’on attendait que moi. Pensez donc à côté de Titouan Lamazou ou Alix de Saint André, il n’y avait pas photo. J’étais l’invité inconnu, celui qu’on n’avait jamais vu. Sauf un qui me faisait de grands signes de la main ; Thomas, l’animateur du week-end et journaliste à la radio dont la rencontre quelques mois plus tôt m’avait amené jusque-là.
    Après avoir récupéré mon badge, mon ticket-repas et mon cadeau de bienvenue, dont un savon au lait d’ânesse frais et à la pulpe de raisin blanc ( je ne savais même pas que cela pouvait exister et j’avoue que j’attends un moment d’éblouissement, un matin d’inconscience assumée pour m’en servir), je me dirigeai vers les stands à la rencontre d’un monde dont j’ignorais tout et que je souhaitais pénétrer (si je peux me permettre) ; le monde de l’édition. À ma grande surprise, je rencontrai des personnes toutes simples, charmantes qui vivaient leur propre expérience ( aventure !) avec les mêmes difficultés que moi. Je découvris ainsi des livres parlant de femmes dont personne ne se souvient plus, des contes pour petits et grands écrits par une ravissante conteuse, l’histoire des courses landaises, un poète à la sensibilité exacerbée (peut-il en être autrement), un stand de dédicace vide (il était encore très tôt), quelques vignerons du cru, des jeux pour enfants avec Johnny Depp en pirate des Caraïbes (ce n’était pas lui, vous êtes sûrs ?), les premières senteurs d’un pot-au-feu qui annonçait un déjeuner des plus pittoresques, et la présence de quelques inconditionnels de l’apéro accoudés au comptoir (il faut dire qu’il était déjà onze heures du matin).
    Malgré tout en papotant de stand en stand, j’en oubliai la conférence sur l’aventure littéraire, et la rencontre avec Jean Laurent Poitevin qui se fera plus tard. Il faut dire aussi que le soleil commençait à réchauffer la place et qu’Alix de Saint André était arrivée pour dédicacer son livre. Je me laissais subjuguer par son sourire égal à sa gentillesse et ses invraisemblables lunettes de soleil.
    Puis, se présentèrent sur la place les échassiers et les représentants des diverses confréries du vin et celle des cerises d’Itxassou, m’a-t-il semblé (?). Enfin, Thomas vint à ma rencontre pour me proposer de le suivre jusqu’au chapiteau abritant les tables où était servi le déjeuner.
   Je me retrouvai assis à ses côtés, face à Dominique David (la reine de la com et carrément à l’ouest). Un peu plus tard vint s’installer sur mon flanc gauche (il ne cherchait pas à être près de moi, mais à se rapprocher d’Héléne Lafargue, ravissante membre de l’organisation), un personnage haut en couleur et à l’humour cinglant, Nadir Dendoune qui, je le reconnais, vaut le déplacement.
    Le repas commença et je le dis de suite ce fut un régal, ce pot-au-feu une pure merveille. Mais essayez d’imaginer un chapiteau rempli par trois cents personnes parlant toutes en même temps et vous vous faites une idée d’une ruche en plein travail ou éventuellement d’un débat à l’Assemblée nationale sur un sujet qui fâche ( les retraites ?). Je comprenais un mot sur deux de ce que me disait Dominique quand elle s’adressait à moi. De même, les mots que prononçait le poète exacerbé qui était assis à sa gauche n’arrivaient pas tous ou pas dans l’ordre. Il me fallait faire beaucoup d’efforts pour reconstituer les phrases en comblant les blancs. Et quand Dominique me présenta son voisin de table qui n’était autre que Jean François Bouygues, auteur édité par les Nouveaux Auteurs, la conversation tourna à l’aventure. Se parler à deux dans un tel brouhaha était déjà une performance, mais à trois…Je regrettais de ne pas savoir lire sur les lèvres. Malgré tout, je pêchai quelques informations importantes qui me sont utiles à présent.
    Thomas se leva, car il avait une première rencontre à animer, de ce fait sa voisine se rapprocha de moi, il s’agissait de Simone Gelin, auteur elle aussi, éditée par les Nouveaux Auteurs. J’avais à mes côtés, les deux personnes les plus importantes de la manifestation pour ma part et à qui j’avais mille questions à poser. Et bien, à quatre, la conversation prit des allures d’exploit sportif et, à bout de force, je me levais à mon tour pour relaxer mes oreilles qui bourdonnaient sérieusement.
    Il était quatorze heures, et j’avais encore plus de trois heures à attendre avant mon propre interview, la pression commençait à monter.
    Quand vint la conférence sur «l‘exploit » avec Titouan Lamazou (Titouaaaaaaan !), Stéphanie Barneix, Alexandre Lux (les rameuses de l’Atlantique) et Nadir Dendoune ( l’improbable alpiniste, Everiste, ça existe ?), la place était pleine et je passais après eux. Mon corps chauffait, ma salive se raréfiait, l’adrénaline commençait à faire son effet ravageur sur les battements de mon cœur.
    À la fin de la conférence, les invités se levèrent pour rejoindre le stand des dédicaces et à leur suite, la place tout entière. « Mais, où allez-vous ? Restez là! J’ai, moi aussi, des histoires à vous raconter, non ? Vraiment pas ? ».
    Adieu rêve démesuré ! gloire éphémère ! reconnaissance éternelle ! ils partirent trois cents et ne revinrent que vingt !
    Malgré tout, je fis mon intervention devant mon petit auditoire bienveillant et attentif. Le soleil s’était caché, il faisait froid. J’avais laissé mon manteau sur le dossier de la chaise et n’osait pas le mettre. Je lisais un extrait de mon livre, la gorge sèche et les mains tremblantes ( non, ce n’était pas le trac, il faisait froid, c’est tout). Je le fis avec la conviction de lire une œuvre impérissable. Plus tard (demain ?), quand mon talent sera reconnu et qu’on me courra après (Bernaaard !), ceux qui étaient présents à m’écouter dans le froid du pays tursate pourront dire : « J’y étais ! »
    Mon intervention terminée et après avoir distribué quelques cartes de visite, je rentrai chez moi, le cœur léger, le corps réchauffé (j’avais mis le chauffage à fond) avec la certitude d’avoir vécu une merveilleuse journée qui en appellerait d’autres sans aucun doute.

1 commentaire:

  1. coucou c'est moi!
    bien remise depuis?
    Bises
    Simone
    viens sur fb

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